Le petit pont de bois, dit pont « Monin », est certainement l'un des lieux les plus charmants de Noyen avec sa rivière qui se faufile entre les arbres et taillis et son chemin en courbe qui s'enfonce dans les bois et les champs du lieu dit « les Roux ».
Cette appellation de pont « Monin », lui vient du propriétaire de l'ancienne fermette qui dominait ce petit pont dans la courbe de la route et maintenant devenue maison d'habitation. Il s'appelait Gaston Moreau mais il avait, comme pratiquement tous les habitants de Noyen à l'époque, un surnom qui était donc « Monin » ; il habitait la grande maison à étage qui se trouve juste après cette ancienne fermette.
Le pont « Monin » était au début du siècle dernier, comme le montre les 2 cartes postales de l'époque, un endroit fréquenté par les troupeaux qui venaient s'abreuver et par les lavandières qui venaient faire leur lessive hebdomadaire.
En effet, avant que n'apparaissent les machines à laver qui ont libéré les femmes de ce dur travail, les habitantes de Noyen, été comme hiver, allaient à la rivière faire leur lessive. Il y avait donc dans le village, de nombreux lavoirs disséminés sur toute la commune là ou il y avait un point d'eau au plus proche des habitations.
Ces lavoirs n'étaient en fait que des lieux aménagés sommairement et constitués d'un fagot de bois déposé le long de la rivière, recouvert de paille, avec une planche à laver maintenue par 2 pieux enfoncés dans l'eau, et un « garde-genoux » dans lequel s'agenouillait la lavandière.
Elle arrivait avec une brouette portant une lourde lessiveuse fumante dans laquelle elle avait fait bouillir son linge. Elle le lavait en le savonnant au savon de Marseille, le frappait avec son battoir de bois et le rinçait abondamment dans le lit de la rivière.
On entendait donc de loin ces coups répétés caractéristiques qui résonnaient dans le village.
C'était là évidemment une tâche très physique et qui, l'hiver, se compliquait lorsqu'il fallait casser la glace. Il y avait également l'aléa des crues, fréquentes à l'époque qui imposaient de reconstruire le lavoir à un autre endroit plus haut sur la rive.
Notre pont « Monin » n'est plus, de nos jours, fréquenté que par quelques pêcheurs occasionnels et par les promeneurs et nous remet en tête la chanson d'Yves Duteil :
« Tu te souviens du pont
Qu'on traversait, naguère,
Pour passer la rivière,
Tout près de la maison ».