Voici au travers de compte rendus de Conseil Municipaux datant de la fin du 19e siècle,
la raison pour laquelle la rue principale du Port-Montain porte le nom de rue Brévignon:
Monsieur Simon Jules Brévignon en son vivant rentier, ancien fabricant de lampes, est décédé en son domicile à Juvisy sur Orge (Seine et Oise) le 22 juin 1896.
Qu'aux termes de son testament fait en forme olographe en date à Paris du 1er juillet 1890, déposé au rang de minute de Mr Jozon notaire à Corbeil le 2 juillet dernier, il a institué pour légataire universel la commune de Noyen-sur-Seine, à charges de divers legs particuliers.
Après le décès de Mr Brévignon, les scellés ont été apposés à son domicile.
Il y a lieu dans l'intérêt de la commune de Noyen de faire procéder dans le plus bref délai à la levée des scellés et à l'inventaire des forces en charge de cette succession pour en connaître l'importance afin de pouvoir décider ultérieurement s'il y a intérêt pour elle à accepter le legs universel [ ... ]
La plaque commémorative apposée dans la salle du Conseil
2 mai 1897, 7h du matin :
Le Conseil délibère sur les 3 points suivants :
- la commune doit elle accepter le legs universel qui est fait en sa faveur avec les charges qui en sont la conséquence ?
- en cas d'acceptation, les immeubles qui dépendent de la succession doivent-ils être aliénés ou quels sont les motifs qui peuvent militer en faveur de leur conservation ?
- à se prononcer au sujet d'une réclamation formée par les héritiers Noyau, tendant à ce que la commune prenne à sa charge tous les droits et frais de succession qui leur incombent.
Délibéré :
- est d'avis dans l'intérêt de la commune d'accepter le legs universel qui lui est fait, et d'en remplir toutes les charges, estimant que la partie qui doit lui revenir présente une certaine importance.
- le Conseil est d'avis qu'il aurait intérêt d'aliéner aussitôt que possible, les immeubles qui peuvent dépendre de la succession.
- le Conseil après avoir pris connaissance de la demande formulée par Mrs Eugène Magloire Noyau et Albert Noyau, tous deux cultivateurs au hameau du Port-Montain, dans une lettre adressée à Mr le Préfet de Seine et Oise le 4 octobre 1896 tendant à ce que les droits de succession et autres frais afférents à leur legs soient acquittés par la commune afin qu'ils touchent la somme à eux léguée nette de tous frais et droits et que les intérêts de cette somme leur soient servis à compter du jour du décès.
Si le Conseil entrait dans cette voie, ce serait créer un précédent fâcheux pour l'avenir car en dehors de Mrs Noyau, il existe d'autres legs importants faits à diverses personnes également parentes. Ces autres légataires, en apprenant que la commune a bien voulu prendre à sa charge ces frais et droits ne manqueraient pas à être aussi favorisés, il s'en suivrait alors des difficultés avec les autres légataires, car il n'y aurait pas de motifs pour que la commune paie les frais des uns et non ceux des autres, ce qui deviendrait une charge considérable pour elle.
Le Conseil estime qu'il n'y a pas lieu de donner un avis favorable à la demande formulée par Mrs Noyau, que au contraire la commune doit se renfermer dans les termes du testament de Mr Brévignon avec les conséquences qui en découlent, c'est-à-dire que les frais et droits afférents à chaque legs soient supportés par chacun des légataires et que les intérêts commencent à courir à partir du jour de la demande de délivrance.
Dimanche 16 mai 1897 :
Mr le Sous-préfet de l'arrondissement demande pour compléter le dossier de la succession Brévignon, l'acceptation par le bureau d'assistance du legs de 10 000F fait en faveur des indigents de Noyen-sur-Seine.
Attendu qu'il n'existe pas de bureau d'assistance mais seulement un bureau de charité dont tous les membres du Conseil font partie, et qui donne des secours à domicile aux indigents de la commune au moyen du crédit porté au budget art. 37,
Accepte au lieu et place du bureau d'assistance auquel il se substitue le legs de 10 000F fait par Mr Brévignon au profit des indigents de Noyen et s'engage à remplir les volontés du testateur donc convertir cette somme en rente perpétuelle qui sera appliquée à secourir les malheureux du pays.
17 juin, 8h du soir :
Par suite du testament fait par Mr Brévignon le 1er juillet 1890, la commune de Noyen est propriétaire d'un immeuble situé à Juvisy sur Orge (Seine et Oise) consistant en un terrain clos de mur d'une contenance de 2 hectares y compris une pièce d'eau.
Sur le dit terrain existe une maison bourgeoise et divers autres petits bâtiments servant de communs.
Le Conseil est d'avis qu'aussitôt que la commune sera en possession de la succession les immeubles soient vendus par adjudication et les prix de vente placés au nom de la commune en rente 3% sur l'état français.
Novembre 1897 :
Suivant l'ordonnance de Mr Lesage, juge au tribunal civil de première instance de Corbeil, la commune de Noyen-sur-Seine a été envoyée en possession définitive du legs à elle faite par Mr Jules Simon Brévignon aux termes de son testament olographe en date du 1er juillet 1890 par suite de l'autorisation qui en avait été donnée à la commune aux termes d'un décret rendu par Mr le Président de la République Française le 19 septembre 1897.
Le Conseil décide :
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Faire procéder à la vente des objets et effets mobiliers et meubles dépendant de la succession de Mr Brévignon par tel officier priseur qu'il avisera.
Vendre aux enchères publiques par devant notaire sur la mise à prix de 43 755F égal au montant de l'estimation qui en a été faite la propriété de Juvisy sur Orge rue Hoche (Seine et Oise).
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Cas de Mr et Mme Maréchal :
Mr et Mme Maréchal, fabricants de lampes à Paris, 61 rue des Archives, successeurs de Mr Brévignon sont redevables à la commune de Noyen d'une somme de 59 303F payable en 6 annuités sans intérêts à partir du décès.
Mais d'après des renseignements pris à bonne source, ils sont dans l'impossibilité de se libérer suivant les termes du testament, l'établissement ne comportant que la fabrication des lampes à huile, que ce mode d'éclairage est abandonné depuis que le gaz et l'électricité ont été implantés pour l'éclairage public.
Il serait utile dans l'intérêt de la commune d'arriver à une transaction car si les conditions du testament étaient exécutées, il en résulterait la mise en faillite qui ne rapporterait rien et pourrait au contraire occasionner des frais.
Il est donc décidé que la commune soit autorisée à accepter de Mr et Mme Maréchal 10 000F payables au comptant et qu'une somme de 10 000F par an et pendant 5 ans soit payée par eux à la commune sans intérêt.
Monument funéraire :
Le Conseil décide qu'un monument soit élevé sur la tombe de Mr Brévignon, un des bienfaiteurs de la commune et donne son adhésion au projet de Mr Fillot marbrier à Bray-sur-Seine qui, tant au point de vue de l'harmonie et de la solidité donne satisfaction.
1903 :
Mr le maire rappelle au Conseil que par délibération du 9 novembre 1902, il a été décidé que pour honorer la mémoire de Mr Brévignon, un des bienfaiteurs de la commune, la principale rue du Portmontain, hameau où il est né, porterait le nom de Brévignon.
qu'à chaque extrémité de cette rue on poserait une plaque en fonte,
qu'il a exécuté la décision du Conseil
que les plaques sont posées mais qu'aucun crédit n'ayant été ouvert à cet effet, il n'a pas pu solder la dépense qui s'élève à 13F.
A l'unanimité du Conseil, autorise Mr le maire à payer le montant de la dépense sur les dépenses imprévues.