Le rachat du pont de Noyen (1876-1879)
Passy, commune de 91 habitants à l'époque, avait environ 3km de chemins vicinaux à maintenir en viabilité, charge très lourde et perpétuel souci pour la municipalité, préoccupation qui apparaît nettement en consultant les registres de 1934 à nos jours.
Lorsque fut décidée la construction d'un pont à Noyen en remplacement du bac du Port-Montain en février 1853, les communes environnantes donnèrent leur accord, cette décision améliorant les transports en direction de Provins. Aussi le 18 décembre 1853, le maire de Passy avait convoqué en réunion extraordinaire son conseil ainsi que les plus forts imposés de la commune afin de voter un impôt supplémentaire de 300 F réalisable en 3 années, ceci représentant la participation à la construction de 2 arches sur la Seine à Noyen.
Le 15 mars 1857 l'édification de cet ouvrage définitivement décidée, le conseil donnait son avis favorable au projet présenté par le sous- préfet de Provins de construire le pont de Noyen à 2 voies au lieu d'une, initialement prévue, moyennant une prolongation du péage.
Treize ans plus tard, les désastres de la guerre lui portèrent son premier mauvais coup; reconstruit, il fut encore soumis à cette redevance. C'est donc une petite fronde des municipalités contre le péage qui s'instaura.
D'abord il y eu l'arrêté préfectoral du 31 mai 1876, assorti d'une enquête administrative effectuée dans la commune du 16 juin au 15 juillet. Le but était d'avoir l'opinion des usagers du pont à péage de Noyen, face à une demande de prolongation du péage formulée par le concessionnaire. Celui-ci arguant que cette prolongation devrait l'indemniser pour la privation de jouissance qu'il avait subie pendant le temps qui s'était écoulé entre le moment de la démolition de ce pont, et celui de sa reconstruction.
Le conseil réuni en session extraordinaire le 16 juillet 1876, délibéra sur l'arrêté préfectoral et le résultat du procès verbal d'enquête. Considérant que la durée du temps fixé pour le péage était déjà très onéreuse pour la majeure partie des communes environnantes et que la démolition avait été ordonnée et opérée par le génie militaire, il rejeta la demande de prolongation du péage.
Il semble que cette affaire s'assoupît jusqu'au 20 mars 1879. Une nouvelle assemblée extraordinaire fut décidée pour délibérer à propos d'une circulaire du sous-préfet de Provins en date du 14 mars, et de l'extrait d'une délibération en date du 2 mars de la commission chargée du rachat du pont à péage de Noyen.
Il résulte de cette délibération qu'une somme de 1425 F incombât à la commune de Passy, et représentant 6% sur l'évaluation de la part des communes intéressées qui se montait à 23 750F. Le pont était évalué par la compagnie à la somme de 47 000F dont la moitié 23 750F était à la charge du département.
Le conseil, d'accord sur le principe de participer au rachat du pont, exprima son désaccord quant au pourcentage qui lui était imposé, considérant que la somme de 1 425F qui lui incombait, compte-tenu de ses faibles ressources, de sa population peu importante et du peu de circulation qu'elle avait sur le pont de Noyen, était trop onéreuse. En conséquence de quoi elle décida de ne pouvoir s'engager que dans la proportion de 4%, ce qui représentait pour sa part la somme de 950F.
Cette offre ne fut pas acceptée, aussi le 5 mai 1879, nouvelle réunion pour sortir de l'impasse, le sous-préfet invitant le conseil municipal à augmenter sa première offre de 2%. Le maire donna connaissance à l'assemblée de l'offre faite à lui par M. Gallot demeurant à Provins et propriétaire de la moitié du territoire de Passy, de prendre l'engagement de verser personnellement à la commission 1%.
Compte-tenu de cette offre, le conseil décida de maintenir sa participation à 4%. Le 25 mai 1879, une lettre du sous-préfet annonçait l'acceptation de la participation communale de 4% ainsi que l'offre de M. Gallot. Il ne restait plus qu'à réaliser la partie la plus difficile, trouver le financement.
La part de la commune étant de 1 188 F, diminuée de 238 F de souscription particulière, il lui restait 950 F à sa charge. Il fut donc décidé d'avoir recourt à l'emprunt, lequel fut demandé à la caisse spéciale des chemins vicinaux au taux d'intérêt de 4%, amortissement compris, remboursable dans un délai de 30 ans. Le 23 novembre, délibération du conseil municipal en présence de 15 plus imposés de la commune pour l'acceptation de l'emprunt et le vote d'une imposition extraordinaire pendant 30 ans.